top of page

OBJECTIONS

LES QUESTIONS QUE

VOUS VOUS POSEZ

SONT TRAITÉS ICI LES POINTS QUI FONT L'OBJET D'UN MALENTENDU CONCERNANT LE PROJET DE RÉSEAU SALARIAT

EST-QUE VOUS VOULEZ UNE SOCIÉTÉ DE FONTIONNAIRES ?

C'est un malentendu récurrent à propos du salaire à vie. Comme celui-ci s'inspire de l'expérience de la fonction publique aussi bien dans son mode de rémunération que dans son expérience qualifiante, on a tendance à croire que tout le monde serait amené Ã  devenir fonctionnaire. C'est exactement le contraire. Il y aura toujours des emplois publics (transports, hôpitaux, écoles, tribunaux, administrations...) mais le statut de fonctionnaire telle que nous le connaissons aujourd'hui disparaitra. Nous voyons bien que les personnels des services publics n'ont pas les prérogatives d'un propriétaire d'usage. Leur capacité à maîtriser l'investissement, l'objet et les conditions de travail n'est pas aussi nulle que dans le privé mais reste mince faute d'un droit de propriété d'usage assorti au salaire à vie des fonctionnaires. Le fonctionnaire actuel deviendra des copropriétaire d'usage de son outil de travail au même titre que les autres salariés. Il aura un véritable pouvoir de décision, participant ainsi d'une débureaucratisation et d'une émancipation générale du travail à l'échelle de toute la société.

Objection1

POURQUOI J'IRAI TRAVAILLER SI J'AI UN SALAIRE A VIE ?

Le salaire à vie est indissociable d'une démocratie sociale, car si je touche un salaire inconditionnel, il y a de forte chance que je refuse de travailler pour satisfaire les exigences de rentabilité d'un actionnaire, ce que nous appelons la propriété lucrative. Et force est de constater que la motivation pour aller au travail pour des milliers de salariés reste bien souvent alimentaire. Ce qui entraîne l’absentéisme comme le présentéisme, mais aussi le turn-over, et la démotivation de tous ceux qu’on appelle vulgairement les tire-au-flanc. Ce n’est pas une nouveauté. Pourtant, cela n'a pas empêché la société de faire des prodiges et cela à toutes les époques. Mais c'est bien cette situation qui condamne à la souffrance au travail 4 français sur 10 qu'il convient de changer.

 

Pour cela, une autre approche est nécessaire. D'abord, tout le monde n'a pas la même capacité de travail, ce qui ne présente pas un problème puisque chacun participe d'une productivité moyenne de la société. A chancun ses besoins, à chacun ses moyens, le salaire à vie garantie la dignité sociale. Maintenant si on regarde de plus près, le degré d'investissement relève de la motivation donc de la responsabilisation personnelle vis-àvis de son travail et en dernier ressort de la reconnaissance accordée au travail accompli. Les gens ne sont pas "paresseux" par nature mais parce qu'ils ne trouvent pas l'implication pour telle ou telle activité. Pourquoi se dévouer à une entreprise dans laquelle je n'ai aucun pouvoir de décision car le patron de toute façon décide tout ? La situation actuelle infantilise la masse salariale dans une passivité dangereuse pour la société. Ce qui encourage un comportement consumériste en dehors des heures de travail et au désengagement sur le lieu de travail. Avec la propriété d'usage, nous parlons justement de redonner le pouvoir de décision à tous ceux qui produisent la richesse afin de devenir acteurs d'un objectif commun au lieu de subir la pénibilité d'une activité subordonnée. 

 

D'ailleurs, les enquêtes sur l'activité de travail ne confirme pas que l'activité est considérée par elle-même comme pénible, ou d'abord pénible : elle est d'abord intéressante. Ce qui est pénible, très au-delà d'incontestable pénibilité physique ou mentale qui pourront faire l'objet d'un roulement civique lorsque nous aurons conquis leur maîtrise, ce sont les conséquences de l'absence de capacité de décision sur ce qui est produit, des pratiques managériales par la crainte, d'une division sociale des tâches insupportables et d'un rapport au temps qui dénature le travail et empêche la vie sociale. Il n'y a aucune raison que nous ne mobilisions pas nos forces sociales sur un objectif de bonheur dans un travail maitrisé.

 

S’il y a une réelle difficulté à envisager un modèle économique qui s'émancipe radicalement du capitalisme, c’est parce ce que cela demande, non seulement, de rompre avec les pratiques actuelles mais aussi de penser les comportements sociaux autrement qu'à travers les présupposés de l’économie marchande libérale.

 

TOUTE LA VALEUR AUX CAISSES DE COTISATIONS, CE N'EST PAS DE L'ÉTATISATION ?

La centralisation de la valeur est toujours source d'inquiétude. Il convient ici de prendre du recul et mesurer combien une institution comme la sécurité sociale qui centralise les cotisations sociales représente un progrès considérable, quoi qu'en disent les réformateurs qui souhaiteraient voir cette institution laisser la place aux assurances privées et aux pensions par capitalisation. C'est en créant une caisse du régime général de sécurité sociale, décidées par les ordonnances d’octobre 1945 et gérée de 1947 à 1967 par des salariés élus, que nous savons produire, investir et verser des salaires à vie, sans employeurs, sans prêteurs et sans actionnaires. Il s'agit donc généraliser nos acquis sociaux à toute la société et revenir à une gestion par les salariés.

 

Ce n'est donc surtout pas une étatisation, mais une mutualisation des ressources par cogestion démocratique que nous recherchons :

> La caisse des salaires versera à toute la population un salaire à vie dont le montant varie en fonction de sa qualification.

> La caisse de financement fera office de banque pour financer les besoins sociaux.

> La caisse de gratuité financera toute activité qui doit rester dans le domaine public et échapper à l'activité marchande.

> Les caisses de cotisations seront  gérées par les salariés eux-même comme l'était la Sécurité sociale à sa création.

> Une entreprise conserve de facto une capacité d'autofinancement car elle récupère mécaniquement 15% de sa valeur ajoutée.

 

L'important pour le dynamisme économique c'est de multiplier les guichets de financement. La caisse d'investissement supportera le gros des investissements pour la société, mais il n'y aura aucun monopole. Des réseaux d'entreprises, selon un principe de péréquation, pourront mettre en commun leurs capacité d'autofinancement afin de promouvoir de nouveaux projets, soutenir la création d'entreprise. Le crowdfunding sera clairement un moyen de plébisciter un projet utile socialement et cela d'autant plus facilement que chacun disposant d'un salaire à vie pourra soutenir financièrement les initiatives qui lui semblent prometteuses. Des instituts bancaires indépendants pourront mobiliser l'épargne des particuliers pour financer l'innovation. Seulement, il leur sera interdit de prélever des intérêts. Alors pourquoi, un investisseur privé prêterait de l'argent s'il n'a pas retour sur investissement ? Son retour sur investissement sera, au même titre que le mécenat, la satisfaction de développer et de participer à un domaine d'activité et de recherche (dont il sera copropriétaire d'usage) dans l'intéret général de l'économie. La prise de risque sera encouragée par le fait même que chacun dispose d'un salaire à vie. On peut perdre ses économies mais pas sa chemise. Surtout, les projets ne seront plus sélectionnés uniquement sur le critère de la rentabilité comme c'est trop le cas actuellement. 

 

EST-CE QU'UNE ENTREPRISE POURRA LICENCIER ?

Personne n'a dit qu'il n'y aurait pas de sanction dans le salaire à vie. Si quelqu'un ne fait pas son travail et compromet l'activité collective et sera sanctionné de la même façon qu'aujourd'hui, voire plus sévèrement car il s'inscrit volontairement dans un collectif de travail. Celui qui sera licencié pour faute professionnelle, ce qui n'est jamais bon pour retrouver du travail, perd son poste mais pas son salaire. Autrement dit, il est frappé d'exclusion sociale mais pas de mort sociale. Ensuite, se faire rejeter par son collectif de travail, perdre l'estime de ses collègues, être taxé d'incompétence aux yeux des siens, n’est pas une menace moins efficace que la perte de salaire. La violence psychologique d'une remise en cause de ses capacités personnelles est souvent quelque chose de bien plus durement vécu qu'une perte de salaire, par exemple pour un cadre qui a l’assurance de retrouver du travail. Le meilleur bâton n'est pas obligatoirement financier, la carotte non plus.

EST QU'IL Y AURA TOUJOURS DE LA PROPRIÉTÉ INDIVIDUELLE ?

La mutualisation de la valeur ajoutée et la propriété d'usage ne changent rien à la propriété individuelle. Je reste propriétaire de mes biens personnels. Ce n'est que la richesse dégagée par les entreprises qui est cogérée par les salariés au lieu d'appartenir à une minorité d'actionnaires. Le travail crée la valeur donc la valeur doit être la propriété de ceux qui travaillent, soit les salariés. Les capitaux des investisseurs ne sont jamais que la valeur prélevée sur travail, qui serait tout aussi bien, sinon mieux investie si elle restait la propriété des salariés. De fait, avec la généralisation de la propriété d'usage, il n'y aura plus d'employeurs mais une cogestion de l'entreprise. Il n'y aura plus de dividende mais un salaire à vie. Il n'y aura plus d'investisseur mais une caisse d'investissement cogérée par les salariés. La propriété lucrative étant abolie, prélever des d'intérêts sera interdit, la spéculation boursière et ses effets désastreux supprimés, la spéculation sur le logement aussi. Le prix du locatif se résumera aux charges locatives. Pour le reste, je dispose de mes biens personnels comme je l'entends. 

LES RETRAITES, C'EST DU SALAIRE DIFÉRÉ OU DU SALAIRE CONTINUÉ ?

Un détour par le système des retraites nous permet de comprendre le rôle essentiel joué par la cotisation sociale. Pour cela, il faut rompre avec l’idée couramment répandue qui présente la retraite par répartition comme du salaire différé. Autrement dit, nous cotiserions chaque année comme on glisse des pièces de monnaie dans une tirelire afin de récupérer la somme économisée après cessation de toute activité professionnelle. Cette conception de la retraite par répartition est complètement erronée. 

 

C’est le travail qui finance
On ne stocke pas la valeur dans un frigo pour qu’elle nous soit reversée plus tard. C’est toujours sur le travail en cours que reposent les cotisations. Il n’y a d’ailleurs aucune équivalence entre ce que nous avons cotisé et ce que nous allons percevoir jusqu’à la fin de notre vie, malgré les points retraite qui nous donnent l’illusion d’une épargne. 

Quand je cotise, une partie du salaire est affectée aux retraites, c’est du salaire indirect, mais ce n’est pas mon salaire, il ne correspond pas au travail que j’ai produit. La cotisation reconnait le travail de ceux qu’elle va payer, en l’occurence la production des retraités, une reconnaissance nécessairement incluse dans le prix des marchandises puisqu’il n’y a qu’aux marchandises que l’on affecte de la monnaie.

 

La retraite, un salaire indirect
Les retraites ne sont pas un salaire différé mais bien un salaire continué, ce salaire indirect que nous verse la sécurité sociale. La cotisation reconnait le travail des retraités. Car la retraite ne signifie pas non plus que nous sommes inactifs. Toutes les études montrent que les retraités s’investissent dans de nombreuses activités et continuent à créer de la richesse pour la société (certains disent n’avoir jamais autant travaillé) mais ils touchent un salaire à vie, sans employeur, et s’impliquent dans les activités de leur choix. Être à la retraite ce n’est pas devenir « inutile ». On verse un salaire aux retraités parce qu’ils continuent à produire des richesses en dehors de la valorisation d’un capital, et par conséquent la cotisation est aussi la reconnaissance de leur qualité de producteur en leur versant un salaire à vie.


Combien consacrer aux retraites ?
Le discours dominant considère les cotisations comme une « charge » qui pèse sur les entreprises et ne voudrait concéder aux retraités qu’une part proportionnelle à la hauteur de leur contribution passée et la moins élevée possible puisque ce ne serait qu’un « transfert » au nom de la solidarité intergénérationnelle qu’il faut compléter par une assurance facultative par capitalisation.

La retraite n’étant pas une épargne (encore moins « une charge »), la question n’est donc pas de savoir combien nous avons mis de côté mais combien de pourcentage de la richesse produite en France faut-il affecter à la sécurité sociale chaque année ? De la même manière, le nombre d’annuités pour toucher sa retraite est une aberration dans la mesure où la valeur ajoutée produite en France ne dépend pas du nombre d’années passées à travailler mais de notre capacité à produire de la richesse dans l’année. 

Les libéraux ne souhaitent qu’une chose, diminuer le taux de remplacement pour pouvoir placer des retraites complémentaires. Au contraire, la répartition se doit d’être complètement indépendante du temps de travail effectué dans une carrière. Tout le monde devrait toucher 100% de son salaire au moment de la retraite puisque la cotisation n’est pas une ponction sur la valeur mais un ajout, car la valeur économique au fondement de la cotisation est produite par le retraité, comme la valeur au fondement de l’impôt est produite par le fonctionnaire. L’activité des retraités en participant de la richesse nationale implique la reconnaissance d’un taux de cotisation sociale en conséquence, tout comme le travail des soignants et le travail domestique sont reconnus respectivement par la sécurité sociale et les allocations familiales.

 

Un taux de cotisation insuffisant
Aujourd’hui, l’État comble le déficit de la sécurité sociale avec des dotations budgétaires parce que nous ne cotisons plus suffisamment à cause des exonérations patronales au régime général. Ce sont donc les salariés qui paient à travers l’impôt (essentiellement la TVA) ce que les patrons ne paient plus. Le taux de cotisation est insuffisant et allonger la durée des cotisations parce que nous vivons plus longtemps revient à sacrifier sa retraite pour alimenter le profit des entreprises et des actionnaires. L’argument démographique est fallacieux car le fait que nous vivions plus longtemps n’implique pas que nous produisons moins de richesse.

 

Un salaire à vie sur le principe des retraites
C’est pourquoi à Réseau Salariat nous proposons d’étendre la cotisation sociale à l’ensemble de la valeur ajoutée. Sur le principe des retraites, les entreprises cotiseront pour que tout le monde perçoive un salaire à vie parce que chacun participe de la chaîne de valeur que l’on soit étudiant, salarié, indépendant, ou en âge de laisser sa place pour certaines fonctions aux nouvelles générations afin de se consacrer à autre chose.

LA COTISATION SOCIALE VA-T-ELLE AUGMENTER LES PRIX ?

La cotisation sociale, comme l’impôt, n’augmente pas les prix des marchandises. Car s’il fallait achetter sous forme d’assurances, de part de fond de pension et de marchandisesce que produisent les services publics et la Sécurité sociale sous forme non marchande, les salaires directs, donc les prix seraient augmantés d’autant. C’est d’ailleurs ce que l’on observe dans les pays capitalistes de même niveau de développement où le salaire est fortement, ou fort peu, socialisé.

QU'EST-CE QUE LA QUALIFICATION ?

La qualification pose la reconnaissance d’une production sociale, donc du niveau de participation de chacun à la création de valeur économique et du niveau de salaire qui lui est attaché.

 

La certification
Il faut clairement la distinguer de la certification, qui reconnait à celui qui obtient un diplôme la maîtrise d’un savoir et d’un savoir-faire pour produire tels biens ou tels services. La certification atteste de notre capacité à produire de la valeur d’usage, autrement dit du travail concret.

 

La différence entre la valeur économique et la valeur d’usage
La valeur économique, c’est la valeur produite par les forces sociales qui se chiffre en euros. Elle dépend d’une combinaison complexe entre les conditions de travail, le développement de forces productives (avancées technologiques, éducations de la main d’œuvre, maturité du tissu économique), les infrastructures (aménagement du territoire, services publics, législation…), les ressources naturelles disponibles, le contexte politique, voire géopolitique, etc. C’est la richesse produite par la société chaque année et reconnue par la comptabilité nationale comme le PIB.

Nous sommes tous dépendants des facteurs de production. Il est impossible de mesurer la responsabilité individuelle de chacun dans la création de valeur économique puisque que nous sommes tributaires d’un contexte économique et social. Par contre, nous sommes responsables individuellement de notre travail concret, de la valeur d’usage que nous produisons dans un contexte précis, ce qui est très différent. Dans des conditions de travail équivalentes, il y a des bons et des moins bons professionnels, voire des mauvais. Mais le meilleur des chirurgiens ne peut pas soigner si son bloc opératoire tombe en panne, si la route est impraticable pour se rendre au travail.

 

Le mensonge du capital
Le grand mensonge capitaliste, c’est de confondre valeur économique et valeur d’usage. Nous faire croire que nous sommes responsables individuellement de la valeur économique produite puisque nous travaillons, alors que nous sommes seulement responsables de la valeur d’usage que nous produisons (la qualité d’exécution de notre activité). Par conséquent, nous sommes censés gagner à la hauteur de ce que nous produisons. Pour nous convaincre, le capitalisme utilise une grande abstraction : le temps de travail. Je toucherais un salaire en fonction de ma productivité horaire (parfois au détriment de la qualité). Une prime d’intéressement peut être envisagée si je dépasse mes objectifs. Je suis en compétition avec la productivité horaire des autres travailleurs. Bref, je produis plus pour gagner plus comme si la capacité de la société à consommer était infinie. L’entreprise calcule ses gains de productivité tandis que les salariés sont des variables d’ajustement. Si la production diminue, il faut se débarrasser des salariés « inutiles ». Ces derniers se retrouveront sur le marché de l’emploi à proposer leur force de travail à un autre employeur qui leur demandera d’être « compétitif ». Et, s’ils ne trouvent pas preneur, ils deviennent des « assistés » du système puisqu’ils ne produisent pas de chiffre d’affaire.

 

Nous sommes tous un maillon dans la chaîne de valeur
Inversement, si nous considérons que la valeur économique est une production sociale, une richesse dont participe l’ensemble
des citoyens producteurs de valeur d’usage, nous devons tous disposer d’une part de cette valeur économique pour vivre dignement. Que nous soyons salariés ou indépendants, au foyer pour éduquer nos enfants, étudiants occupés à se former, retraité dans une association culturelle (ou pas), porteur de projet en train de monter sa boite, simple citoyen investi dans sa collectivité locale ou encore à la recherche d’une activité, nous devons tous percevoir un salaire puisque nous sommes tous un maillon dans la chaine de valeur. Personne n’est inutile dans la société.

 

Quelles rémunérations ?
Est-ce que pour autant tout le monde doit gagner la même chose ? Répondre positivement à cette question serait considérer que toutes les activités se valent. On peut difficilement passer du capitalisme à une société égalitariste sans verser dans une part d’utopie qui ne correspond à rien d’existant. Le rôle de la qualification, c’est de hiérarchiser notre niveau de participation à la production de valeur économique. Conserver une motivation financière n’est pas la principale préoccupation. Il s’agit avant tout de d’attribuer un niveau de responsabilité dans la production sociale. Comme nous ne sommes plus rémunérés selon un taux horaires ou par la bonne grâce des actionnaires, les salaires seront établis selon des critères d’utilité sociale qui découleront de décisions politiques. D’abord, une échelle des salaires de 1 à 4 limitera considérablement les inégalités. Ensuite, il est clair que les niveaux de qualification feront l’objet de délibérations démocratiques qui ne seront pas sans conflit quand il s’agit de répartir la valeur, mais nous seront débarrassé de l’appropriation capitaliste de la valeur. Non prétendons pas, d’ailleurs, que la qualification serait l’avènement d’un monde idéal. Les enjeux de pouvoir autour de la définition de la valeur économique persisteront mais au sein du salariat.

 

La progression dans la qualification
La qualification accompagne un parcours professionnel avec un salaire qui n’est plus attribué à mon poste mais à ma personne puisque mon travail concret n’est que le support d’une valeur créée collectivement. J’accède à un niveau de qualification qui peut recouvrir une multitude d’activités. Je progresse à l’ancienneté à l’intérieur de chaque niveau de qualification et me présente à des épreuves de qualification (qui ne relèvent pas d’un diplôme même si celui-ci y participe pour pouvoir exercer un travail concret) afin d’accéder au niveau supérieur de production économique.

 

Une autre valorisation du travail
L’évaluation de ma performance individuelle relève de mon collectif de travail ou des bénéficiaires de ma production. Elle rentre en compte pour passer à un niveau supérieur de qualification mais en aucun cas ne détermine mon niveau de salaire actuel puisque je participe d’une production sociale. C’est déjà le cas actuellement, pour un même salaire tout le monde n’a pas la même efficacité, mais nous parlons de productivité moyenne pour évaluer le degré de performance d’une entreprise ou d’un pays. Avec la qualification, la valorisation du travail concret ne se fait pas uniquement par l’argent mais par les conventions collectives, par la reconnaissance sociale de son groupe de travail et par la possibilité d’accéder à certaines responsabilités. C’est l’affirmation de pratiques déjà en cours, mais sans subir l’arbitraire de l’employeur et la loi des actionnaires que permet le chantage à l’emploi.

 

Une culture de l’accompagnement
Pour finir, évacuons l’idée qu’un salaire à vie n’inciterait pas à travailler que nous traitons dans les objections. Si nous gardons à l’esprit qu’un niveau de qualification reconnu par la société ne peut nous être retiré, tout l’enjeu d’un dynamisme social repose sur les structures d’accompagnement qui encouragent chacun à progresser socialement. C’est ici que joueront pleinement leur rôle les organismes de formation, les syndicats et les professionnels de l’accompagnement. Chacun aura la possibilité d’évoluer, de changer de statut (fonction publique, entreprise marchande, indépendant) ou de métier, de se lancer dans une nouvelle carrière, tout en bénéficiant de l’irrévocabilité de son salaire.

 

Qualification
bottom of page